➲ it's compromise that moves us along

Spoiler:
✸ i don't mind spending everyday out on your corner in the pouring rain look for the girl with the broken smile ask her if she wants to stay awhile and she will be loved
« Oui promis j’écris quelque chose pour la semaine prochaine et je vous l’envoi. J’ai été dans le coma pendant deux semaines, je ne vais pas m’excuser pour avoir failli mourir tout de même. Non mais vous êtes insensible ou quoi ? Passez moi votre supérieur, vous êtes clairement incompétente et OH MERDE. » Sid ne jurait jamais, ou presque en l’occurrence mais c’était trop. Elle se disputait avec l’assistante de son éditeur depuis déjà cinq minutes et voila qu’elle renversait son café sur le premier inconnu qui passait. Il aurait pu être canon, ça aurait légèrement compensé la chose mais déjà qu’elle n’était pas attiré par les hommes, passé la quarantaine c’était vraiment impensable. « Je suis vraiment désolée. Non, je ne m’excuse pas pour vous Marge, je veux parler à Gauthier dès qu’il rentre. » Elle attrapa son portable, raccrocha et commença à tapoter les vêtements du pauvre homme. Il ne se plaignait pas et mit quelques secondes à comprendre pourquoi. En relevant les yeux, elle se rendit compte qu’il était en train d’observer son décolleté sans la moindre honte. « Non mais c’est pas vrai, pervers ! » Il l’avait clairement mérité ce café finalement. Elle grimaça et changea de trottoir, son blackberry entre les mains. J’arrive. Pitié ne dépense pas l’argent de papa pour une jupe microscopique, autant sortir nue, ça reviendrait au même. Elle écrivait en texto comme elle écrivait une lettre, déformation professionnelle sans doute. Enfin, elle poussa la porte de la boutique où elle pensait trouver sa sœur et au son de sa charmante voix qui incendiait la vendeuse, elle la trouva facilement aux cabines d’essayage. « Elle s’est levée du pied gauche, excusez là. » Sid adressa son plus beau sourire à la vendeuse pour excuser le comportement de sa sœur. Même si elle n’en avait rien vu il était clair que la pauvre femme se demandait ce qu’elle avait bien pu faire. Sidonie attrapa un haut dans la pile que tenait la vendeuse et l’exhiba devant son propre corps. « Vous n’auriez pas celui là en blanc cassé s’il vous plait ? » Elle l’avait vu dans la vitrine et donc savait qu’elle pouvait accorder un répit à cette pauvre femme. Elle se tourna ensuite vers Carson. « Ravie de savoir que ton comportement ne n’est pas exclusivement réservé à la famille. » Se laissant tomber sur un des fauteuils adjacents aux cabines, elle lui adressa un vague sourire. « Papa m’a dit où tu étais. Tu t’en rends compte qu’il a demandé à la banque de lui envoyer un e mail dès que ta carte serait débitée ? Incroyable. Comme tu avais fait les deux magasins précédents il semblait logique que tu sois ici. » Elle leva les yeux au ciel en voyant ce qu’elle avait déjà acheté. « Tu ne crois pas que c’est bon là, un peu plus et il va falloir t’acheter une maison pour y mettre toutes les fringues que tu as. » D’accord, Sid était une fille, et coquète qui plus est mais elle savait se refréner.

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SIDONIE&CARSON

was there ever a time when we were peaceful ?

Dès le matin, j'avais décidé de passer la journée avec ma meilleure amie. Elle n'avait décidément pas le choix, Mickaela ayant des cours. J'avais terminé les miens vers midi et donc j'avais amplement le temps d'aller faire les boutiques. J'avais trainé la blondasse avec moi, parce qu'il fallait bien que je parle à quelqu'un du fait que Rhys Meara m'avait encore une fois rejetée. S'il continuait ainsi, j'allais finir par le prendre personnel. Peut-être était-il gay. Tinsley et moi avions déjà dévalisé deux magasins, alors forcément. Il fallait qu'elle m'avoue qu'il fallait qu'elle se casse de toute urgence. Elle le fait exprès. Je regarde plusieurs jupes, alors que ma meilleure amie pianote distraitement sur son portable. Je pose mon regard sur elle et comme si elle savait que je l'observais, elle lève sa tête, intéressée à savoir pourquoi je lui tirais une telle tronche. « et tu me plante ... pourquoi déjà ? » Elle avait intérêt à avoir une bonne raison. C'est pas mon genre de me faire planter deux fois de suite. Elle me l'avait mentionné plus tôt, mais je n'avais pas fait gaffe. Je porte pas d'attention particulière à ce genre de chose. Elle tourne son téléphone dans ma direction et je vois la photo d'un mec foutrement canon. 1, 2, 3, 4, 5, 6 ... il avait des tablettes de chocolat parfaites. Je détourne le regard, ne faisant que me rappeler de mon échec cuisant avec le professeur de marketing sexy. Le monde s'acharnait décidément. « Je te hais. Rhys et puis toi, maintenant. » que je jète du bout des lèvres. Elle se met à rigoler et j'ai qu'une envie et c'est de lui foutre une claque. On ne rigole pas quand je suis de mauvaise humeur. Le pire, c'est que je n'ai même pas de gueule de bois. J'ai l'impression que je travaille mieux lors d'un lendemain de veille. Mon métabolisme s'est habitué, j'imagine. « tu vas t'en remettre. » Elle doit partir, genre maintenant. Elle pose un baiser sur ma joue et je lui frappe les fesses alors qu'elle s'en va. D'une vue extérieure, nous avons presque l'air d'un couple, mais ce n'est définitivement pas le cas. Je laisse les filles à Tinsley ou à Sid. « je sais. Plus t'es loin, mieux je me porte. » que je lui lance alors qu'elle franchit la porte du magasin. Je suis maintenant réellement de mauvaise humeur. Les centaines de dollars que j'avais dépensé jusqu'à date ne suffisaient pas à combler mon agacement. Toute cette colère n'est pas forcément dirigée à ma meilleure amie. Elle n'en est pas la responsable. Du moins, pas réellement. Je crois que j'ai réellement commencé à faire n'importe quoi à la mort de ma mère, il y a cinq ans. Je me suis promis que je ne lui ressemblerai d'aucune manière. « mais ... VOUS ÊTES PARALYSÉE OUI OU MERDE ? » J'avais demandé un morceau de vêtement de la par d'une des employée et elle n'avait pas encore bougé. Elle le faisait exprès ? Probablement. Mon Iphone vibre et je le sors automatiquement. C'est ma tendre soeur aînée. Le message me fais sourire, ça a ce mérite. Je ne répond pas, parce que je sais qu'elle va débarquer d'une minute à l'autre. Je continue à gueuler après la pauvre femme, mais je ne culpabilise pas. Je ne suis pas d'humeur à ressentir de la sympatie. Elle m'avait fait essayer des morceaux complètement flasques et certains pas du tout à ma taille. Connasse. La voix de ma soeur se fait entendre et je tourne la tête doucement vers elle. Je m'étonne moi-même à quel point je sais feindre l'indifférence. Voir Sid sur ses deux pieds me soulage énormément, parce que je ne crois pas que je me le serai pardonné si elle était morte dans cet accident. L'admettre ? Hors de question. J'ignore royalement la remarque sur ma mauvaise humeur et je lève ma main qui est encore refermée sur mon iphone avec le message de mon aînée. « je devrais peut-être l'essayer. » fis-je, moqueuse. Je me demande ce que papa Rhodes en dirait. Déjà qu'il n'est aucunement au courant de ce que je fais la nuit. Heureusement pour lui, d'ailleurs. Le pauvre homme ferait une crise cardiaque. Je soupire. Non, je ne suis pas une connasse uniquement à la maison. C'est pas un travail à temps partiel comme celui que j'exerce en dansant. C'est 24h/7j. « il ne faut pas croire que tout t'es relié, Sid. » Ironie. Habituellement, je suis plus qu'heureuse lorsque les choses sont centrées sur ma personne. Je dois dire que la présence de ma soeur en ce moment m'énerve aussi. Je n'aime pas être seule, mais elle et moi, nous ne sommes pas vraiment au mieux de notre relation. Elle me parle de papa. Evidemment qu'il fait suivre tout mes achats. Il serait fou de ne pas le faire. De plus, avec ma manie de ne jamais répondre à ses coups de téléphone, c'est un plus. Ça ne mérite pas de réponse, cependant. « et tu es là pourquoi, déjà ? » Elle est ma babysitter ou quoi ? Je n'en sais rien. La pensée qu'une maison ne suffirait plus à mes fringues me fait rire. « Je n'y avais pas pensé, raison de plus pour continuer à dépenser. » Putain. Si seulement elle savait que j'en avais rien à foutre des vêtements. J'achète pour le pur plaisir d'acheter. Parce que je sais que ça énerve notre père et qu'en ce moment, c'est mon activité favorite. L'incapable qui travaille dans ce magasin revient avec le chandail que Sidonie avait demandé. Je l'avais essayé plus tôt, mais ce n'est pas mon genre. Ça ne m'empêche pas de faire ma grande gueule encore une fois. « ce chandail m'allait mieux. »

Sid avait presque peine à se rappeler l’ancienne Carson tant celle-ci était insupportable. Elles n’avaient que très peu d’âge de différence, avaient par conséquent passé de nombreux moments ensemble. Sonny était sa petite sœur, son petit joyaux, la personne qu’elle s’était jurée de protéger quoi qu’il arrive. Et elle avait échouée, c’était évident, suffisait de la regarder se comporter avec le commun des mortels. Elle n’avait pas comprit pourquoi la mort de leur mère l’avait transformé ainsi. Au départ, elle pensait que c’était temporaire, une sorte de protection contre le reste du monde, ne pas montrer à quel point elle était devenue vulnérable. Et puis cela avait continué, encore et encore. Si Sid était encore une des seules à essayer de remettre sa sœur sur le droit chemin, c’était principalement parce qu’elle se sentait coupable. Elle avait l’impression d’avoir mal fait les choses, qu’elle aurait du l’entourer plus, l’aimer plus intensément. « il ne faut pas croire que tout t'es relié, Sid. » L’image de la petite Rhodes souriant à pleine dents s’effaça pour laisser place à celle qu’elle était devenue. « Mais tu me connais, je suis absolument égocentrique, j’agresse tout le monde et j’adore faire tourner les gens en bourrique. » Elle avait dit ça sur le ton le plus sérieux du monde avant de pencher légèrement la tête. « Ah non attends, ça c’est toi. » Elle lui adressa un grand sourire, celui qu’elle réservait à Carson par ailleurs vu qu’elle était la seule personne avec qui elle n’était absolument pas polie. Elle posa son sac au pied du fauteuil dans lequel elle s’était installée et croisa les jambes, prête à affronter le courroux de sa jeune sœur surement peu heureuse de la voir ici. « et tu es là pourquoi, déjà ? » C’était rapide, elle la connaissait par cœur. « Et bien quoi, je n’ai pas le droit de faire du shopping avec ma sœur chérie ? » Ce n’était bien évidemment pas la raison principale, elles avaient arrêtés de faire des choses ensemble depuis un petit moment.

« Je n'y avais pas pensé, raison de plus pour continuer à dépenser. » Génial, elle n’avait qu’à lui implanter des idées stupides aussi tant qu’elle y était, comme si Carson n’était pas assez créative pour ça. « Tu ne vas même pas les mettre ces fringues. » Elle se leva, pénétra dans la cabine persuadée de trouver une preuve. Attrapant un cintre sur lequel était pendu une robe avec des imprimés léopards, du moins pour le peu de tissu dont elle était faite. « Sérieusement ? Tu prévois de faire le trottoir dans pas longtemps, non parce qu’avec ça, t’es prête. » Elle ne tarde pas à tendre le cintre devant Carson pour lui prouver qu’elle était ridicule. « Mais je t’en prie, fais moi plaisir et enfile là, je suis certaine que tout le magasin crève d’envie de savoir comment est épilé ton maillot. » Sid ne s’’énervait que rarement, très rarement. Pour autant, lorsqu’elle était dans la même pièce que Carson, cela prenait rarement plus de quelques minutes avant qu’elle n’élève la voix. La vendeuse revint à pas de loup pour déposer le fameux haut qu’elle avait demandé sur un fauteuil. « Merci. » Sid tourna la tête vers elle mais elle était déjà partie. Comment la blâmer, elle aurait voulu être à peu près n’importe où sauf ici. « ce chandail m'allait mieux. » Sid soupira et décida de se rassoir avant de dire une nouvelle fois quelque chose de stupide. « Certaines personnes n’ont même pas de quoi manger, ou vivent dans des orphelinats, privés de famille et tristes comme tout. Tu pourrais peut-être penser à eux et éviter de jeter l’argent des Rhodes par la fenêtre. » Cela faisait un petit moment que Sid ne dépendait plus de l’argent de son père même si ce dernier lui faisait régulièrement des virements sur son compte. Ses deux livres avaient plutôt bien marché et elle était à l’abri du besoin. « Tu sais que tu ne peux pas continuer comme ça, c’est ridicule. Papa pourrait très bien te couper les vivres, tu feras quoi à ce moment là ? » Il ne ferait jamais ça mais peut-être que ça la ferait réfléchir sur l’éventualité d’une vie sans argent.

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La personne que j’étais alors que je n’avais que dix-sept ans était décidément loin de la personne que j’étais devenue. Je ne sais pas laquelle j’aime le plus, puisqu’elles sont complètement différentes. Avant, je m’entendais relativement bien avec Sidonie. Elle était ma grande sœur, celle qui m’aidait quand j’en avais besoin. Je ne pouvais pas réellement lui demander conseil sur les garçons, mais elle m’aidait toujours au mieux. Le peu de différence d’âge que nous avons faisait de nous deux personnes relativement proches. Je suis parfaitement consciente que j’ai changé à la mort de la mère Rhodes. J’étais extrêmement proche d’elle. Elle était si gentille et adorable. Voir l’humanité souffrir était le pire des fléaux à ses yeux. La journée de sa mort, j’ai ignoré les appels de ma famille pendant toute la journée. J’avais mieux à faire apparemment. Je devais voir mon petit ami de l’époque, l’un des seuls que j’ai jamais eu, j’en sais rien. Je faisais un truc plus important que de parler au membres de ma famille. Elle est morte sans que je ne puisse la revoir. Je n’étais pas là pour le faire. J’imagine que je m’en veux pour cela, j’en sais rien. J’ai rapidement changé et je suis restée cette personne qui pense à elle avant les autres. Parce que c’est exactement le contraire que ce que ma mère était. Ces pensées me traversent l’esprit à tout les jours quand je me pose la question du pourquoi je fais tout ces efforts pour être détestable. J’ai appris à me foutre de tout, même de Sidonie et relativement d’Asher. Je n’ai strictement rien à faire de mon père et puis des gens en général. Je le vis bien, enfin. Je crois. Sidonie passe le commentaire que peut-être elle n’était pas la garce égoïste, mais que je l’étais, moi. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Si je pense sincèrement à ce qu’elle dit, C’est probablement le cas. Je ne prend donc pas la peine de réponse à ce commentaire. Après tout, je n’ai pas l’intention de nier. Je n’ai jamais eu la prétention d’être quelqu’un de bien. Je capte le sourire qu’elle me fait et je le lui rend. Faire la connasse, c’est mon rôle, mais je trouve qu’en ma présence, elle se débrouille pas mal du tout. Je m’appuie contre les cabines d’essayage. Je l’observe, alors que j’ai réellement envie qu’elle se casse et me laisse tranquille. Je vais tuer Tinsley pour m’avoir laissée seule. C’est pas très marrant et puis maintenant, je suis prise avec mère moralisatrice Rhodes. Je ricane alors qu’elle me dit qu’elle est là que pour faire du shopping avec moi. Right. Et notre père, c’est le père Noël. Je dis doucement, avec un faux air compatissant « si j’étais d’accord, probablement. Puisque je ne suis pas réellement intéressée, non. Je crois que tu devrais te reposer. Tu sais, avec ton accident et tout. » Ce n’est pas que je ne veux pas passer du temps avec elle, mais que je ne suis pas réellement d’humeur pour une leçon de vie. Je ne comprend pas pourquoi elle s’acharne. Les autres ont tous abandonné. Elle devrait en faire autant, ça me ferait des vacances.

Je n’offre qu’une passive attention alors que ma sœur me parle de mes fringues. Que je m’habille comme une pute, c’est mon problème. Et puis, j’ai plus ou moins besoin de fringues lorsque je travaille dans le bar de striptease. Je ne fais pas que danser, parfois je dois remplacer la barmaid, alors forcément. Il faut que je sois plus habillée sans réellement l’être. Je n’ai pas parlé de ce travail à ma famille. Du moins, pas à papa, Asher et Sid. Mickaela est au courant, parce qu’elle est simplement au courant de toute ma vie et Tinsley est au courant puisqu’elle bosse avec moi. J’arque un sourcil alors que ma grande sœur se dirige dans la cabine que j’occupais et en sort la robe qui ressemble plus à un bout de tissu. Elle le place devant moi et je roule des yeux. Non, mais merde, moi je m’occupe de ce qu’elle porte ? Non et je compte pas le faire, même si parfois je me demande si elle en aurait pas sérieusement besoin. Déjà, savoir que j’ai énervé Sid en l’espace de quelques minutes est plutôt un record. Toutefois, le fait qu’elle insulte ce que je porte, m’énerve également. J’essaie de ne pas le laisser paraître en serrant ma mâchoire brièvement. « ce que je fais avec mes fringues, c’est de tes affaires, peut-être ? Et puis, qui te dis que je ne fais pas déjà le trottoir que par amusement ou esprit de contradiction ? » Provocation quand tu nous tiens. Non, je n’ai jamais fait le trottoir et non, je ne compte pas le faire. Ce n’est pas une ambition, puisque si c’était le cas, je ne ferais pas des études en marketing. Et Rhys ne serait pas mon professeur, bref. Je dis ça que pour l’énerver ou un truc du genre. Après tout, la vérité n’était pas si loin de ça. La différence était que je ne couchais pas. Je ne faisais que montrer pour la majorité des clients. Pour ce qui est de ceux qui étaient trop mignons pour que regarder et bien, ils n’avaient pas besoin de payer. Sid me parle ensuite de la richesse Rhodes. Je n’en avais pas réellement besoin pour exister puisque j’avais également un travail, mais dépenser la fortune de mon père était réellement jouissif. Je ne savais pas pourquoi. J’imagine que c’est relié au fait que je sois agacée par le fait que je ne semblais pas être aussi importante que cela. Après tout, si Sidonie n’avait toujours pas abandonné et faisait tout pour m’énerver, mon père n’en était que l’opposé. Je ne pense pas qu’il en a rien à foutre, il a juste décidé qu’il n’y avait plus d’espoir, j’imagine. Dès qu’elle me parle des pauvres, je me sens trembler. Tout ce qu’elle me dit est un discours que notre mère aurait pu faire. Je n’ai pas envi d’entendre ma sœur en parler. C’est d’ailleurs pourquoi je suis devenue si égoïste. Parce que je ne veux pas être comme notre mère. Et c’est exactement comme celle-ci que Sidonie est entrain de me parler. Je ferme les yeux, plus agressive que nécessaire, je répond. « Je pourrais, mais j’ai choisi de ne pas m’en préoccuper. Je te rappelle que ce n’est pas mon … problème. » Et puis papa. Il ne pourrait pas m’enlever mon héritage. C’est la seule forme dont il use encore pour me faire comprendre que je suis encore présente dans sa vie. Je ballaie l’air avec ma main, comme si encore une fois, je m’en foutais royalement. « j’improviserai, tu le sais. Et puis toi comme moi savons qu’il ne le ferait pas. Il tient trop à notre famille pour laisser tomber un de ses membres. » Et je réfléchis un moment. Je ne sais pas réellement ce que je veux dire, puisque d’une certaine façon, il a déjà abandonné la partie sur moi et puis, maman est décédée sans qu’il ne puisse rien faire. La Hunting division. Il aurait dû faire quelque chose pour empêcher ce qui est arrivé. « je veux dire, plus que ce n’est déjà fait. » que je murmure.

« si j’étais d’accord, probablement. Puisque je ne suis pas réellement intéressée, non. Je crois que tu devrais te reposer. Tu sais, avec ton accident et tout. » Sidonie n’avait presque plus aucun rapport sain avec ses sœurs. Elle le regrettait amèrement, se demandait chaque jour ce qu’elle aurait pu faire autrement pour mieux les aider, mieux les guider après la mort de leur mère. Elle avait essayé de jouer le rôle de la maman aimante autant pour l’une que pour l’autre mais elle n’était pas vraiment certaine que ça ait beaucoup servi, voir absolument pas. Le pire aujourd’hui restait qu’elle devait les regarder se détruire petit à petit. Alors même si elle était impuissante, même si ses cris et protestations étaient inutiles, elle ne lâcherait pas l’affaire. S’il leur arrivait quoi que ce soit, elle ne voulait pas s’en vouloir plus qu’elle ne le ferait déjà. Et par-dessus tout, elle voulait les voir heureuses. Rien n’aurait fait plus plaisir à Sid que de voir sa petite sœur lui rendre visite à l’hôpital lorsqu’elle y était encore. Rester allongée n’étant pas réellement l’habitude de la demoiselle, elle avait eu un besoin crucial de compagnie, même celle de Rusty était agréable. Mais jamais elle n’avait franchi la porte de sa chambre alors l’entendre en parler la troublait. Elle avait mis cette absence sur la similitude avec la mort de leur mère et avait digéré la chose mais n’était pas prête à en rire. « Je vais bien Cars, pas que tu t’en soucis ou quoi que ce soit par ailleurs … » Peut-être qu’elle n’avait pas vraiment digéré après tout … C’était tout de même un coup bas et elle s’en voulut d’avoir dit ça. « Excuse moi, c’était méchant, je sais, tu étais occupée. » Elle pinça légèrement les lèvres et observa avec une attention feinte le plafond de la boutique pour ne pas croiser le regard de sa sœur. « ce que je fais avec mes fringues, c’est de tes affaires, peut-être ? Et puis, qui te dit que je ne fais pas déjà le trottoir que par amusement ou esprit de contradiction ? » C’était littéralement affligeant qu’elle prenne tout de travers ou mette un point d’honneur à placer la barre de la mauvaise foie à chaque fois plus haut. Levant les yeux au ciel, elle posa ses mains sur les hanches en finissant par la fixer. « Tu trouves ça drôle sans doute ? Ce que tu fais de tes fringues me regarde parce que je suis une Rhodes et toi aussi. Plus tu porteras de tissu, mieux je m’en porterai et mieux papa s’en portera. » Elle n’impliqua personne d’autre la dedans, comme son frère Ash qui n’en avait surement rien à cirer. Il fallait dire qu’il n’était pas d’un grand secours en ce qui concernait les filles …

En ce qui concernait les problèmes des autres, Sid n’en attendait pas moins de sa sœur. Après tout à qui s’intéressait-elle à par sa petite personne ? Et à par un lavage de cerveau, elle avait parfois l’impression qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. Si elle allait en ajouter encore une couche, elle lui cloua le bec avec sa dernière phrase. « je veux dire, plus que ce n’est déjà fait. » Sid effaça toute trace de colère de son visage et laissa ses bras tomber le long de son corps tout en s’approchant de sa sœur. Elle posa ses deux mains sur les joues de cette dernière pour la forcer à la regarder et adopta une voix calme et beaucoup plus posée. « Ecoute Cars, je sais que ce n’est pas toujours facile avec papa mais … Il ne sait pas comment faire, tu comprends ? Tu étais si proche de maman et … Je crois que ça lui fait peur, il ne sait pas comment te parler. Il n’a pas voulu te laisser tomber, jamais. Il tient à toi comme à la prunelle de ses yeux. » Elle la relâcha avant que sa cadette ne se révolte et recula d’un ou deux pas avant de légèrement sursauter en entendant cette voix. « Tu pourrais lui dire que je suis là, tu pourrais le lui dire, ça lui ferait tellement de bien. » Un frisson traversa l’échine de Sid tandis qu’elle usait d’un effort surhumain pour continuer à regarder devant elle et faire comme si de rien n’était. Elle savait que leurs relations seraient pires si elle parlait à ses sœurs de ses capacités. Elle ne pouvait pas leur faire ça, c’était impossible. « Dis moi, qu’est ce qu’il se passe dans ta vie en ce moment, ça fait longtemps qu’on a pas parlé toutes les deux, des garçons, tout ça. » Avec une joie exaltation plus que feinte, elle s’asseya de nouveau sur son fauteuil, portant une entière attention à Carson, essayant du moins.