(R.) WE COULD HAVE HAD IT ALL.

There's a fire starting in my heart, reaching a fever pitch and it’s bringing me out the dark. ☆

Il était spécialement tard quand Polly décida de sortir de sa cachette: son bateau nommé Sexy Sadie, référence à la chanson des Beatles et à sa propre mère. Malgré qu'à plusieurs reprises elle avait failli se faire tuer par la Hunting Division dès qu'elle sortait (c'est à dire la nuit), elle se tenta quand même à aller se dégourdir les jambes. La lune était à son zénith, presque pleine. Ses reflets argentées et blancs éclairaient la peau tout aussi blanche de la demoiselle la faisant presque luire. Elle n'avait jamais eu peur de la nuit: sans doute parce qu'elle renfermait en elle le pouvoir de donner une sorte de lumière et parce que la nuit, par la désertion des humains, faisait qu'elle se fichait d'être un monstre. Parce que, malgré ce que pouvait dire Tess, Polly était persuadée d'être un monstre. Après tout, qui pouvait électrocuter des gens en les touchant ? Qui pouvait faire intervenir l'orage, les éclairs, la foudre si elle en avait envie ou même si ses émotions prenaient le dessus ? Polly. Et tout ça, ce qu'elle essayait ardemment de contrôler, lui échappait parfois et la faisait revenir sur cette constatation : elle était un monstre, inhumaine, et sans doute dépourvue d'âme.

Elle quitta donc son ponton, marcha un peu et sortie du port. Toutefois elle ne s'éloigna pas restant sur l'esplanade en face, admirant l'étendue d'eau brillant sous les rayons de la lune, et appréciant le silence environnant. En se retournant elle pouvait apercevoir la majestueuse tour : la Sky Tower, seule source de lumière autre que la lune. Elle sourit en se rappelant la fois où elle y était montée avec sa mère, sa soeur et son voisin Soren... Son coeur se serra en pensant à lui. Elle avait envie de le voir, pourtant l'idée la répugnait aussi: il voulait sa mort, elle en était persuadée, puisque son propre père, Mr Stanford la voulait aussi; alors pourquoi pas lui ? Pourtant ce besoin de retrouver son sourire, d'entendre sa voix, de le sentir près d'elle était bien plus fort que tout le reste et ne la quittait jamais. Elle se remémora leur enfance ou même leur adolescence. Des souvenirs heureux, empreints de douceur, de bonheur, de chaleur de tout ce qui lui manquait à présent. Dans un élan de spontanéité, elle souffla son nom dans le silence de la nuit : « Soren. » Elle aimait la manière dont la sonorité du prénom de son meilleur ami venait brisé le silence, comme un doux souffle. Mais soudain l’harmonie de la nuit et de son silence fut brisé par bien plus que sa propre voix. Des pas résonnaient alors sur l’esplanade et une silhouette se détachait de l’horizon. Elle ne pouvait plus fuir où ils comprendraient où elle vit. Polly paniquait, ce qui était dangereux. A tout moment elle pouvait dégager une décharge tout autour, qu’elle étendrait inconsciemment comme un bouclier loin. Alors elle ne bougea pas, resta à trembler alors que ce qui semblait être un homme approchait. Des étincelles commençaient à sortir d’elle. N’approchez pas, pitié, pensa t-elle très fort.

POLLY & SOREN

« J'ai un travail à faire ce soir. » Évidemment pensa Soren, il travaillait tout le temps le soir, un air détaché sur le visage, le fils de la famille Stanford regarda son père prendre son manteau et ses clefs pour partir dans la nuit. Il allait chercher Polly. Vague de panique, il prétexta ne pas avoir faim et prit sa veste et suivit son père. Il avait pris sa décision, il irait à l'encontre de son père, du code des chasseurs. De l'adrénaline avait pris place dans ses veines, il toucha le pistolet accroché à sa ceinture. Il en aurait sans doute besoin, bien qu'il n'aimait pas s'en servir, Soren préférait largement prévenir que guérir. Sa veste de cuir le préservait à peine du froid de ce début octobre, il attendait que son père entre dans le QG, pour qu'il puisse enfin le devancer. Ils devaient fouiller le port, une dose anormale d'électricité y avait été trouvé, et c'était la meilleure piste qu'il avait pour retrouver la sorcière rousse. Soren savait que son père et ses acolytes devaient prendre des armes et établir leur plan, il avait donc décider d'agir avant eux. Il avait pris sa voiture et roulait le plus vite possible pour arriver sur les quais.

La voiture garée et planquée derrière de nombreux contenaires, il s'avança vers les bateaux habitations. la Sky Tower lui donnait assez de lumière pour ne pas avoir à prendre sa lampe torche. Il voulait avant tout, éviter de se faire repérer. Soren savait qu'il devait faire vite, le peu d'avance qu'il avait sur eux ne devait pas être gâché inutilement. C'est la qu'il la vit, une ombre parmi les bateaux et elle semblait pensive, elle regardait d'un air vague l'eau polluée qui scintillait vaguement grâce aux néons de la tour. Il avança vers elle, et ses bruits de pas la firent se retourner, son coeur battait à une vitesse folle. Cela faisait combien de temps qu'il ne l'avait pas vu ? Depuis leurs seize ans, il n'avait pas vu Polly Chamberlain. Elle semblait pétrifiée, mais il n'y avait pas de temps à perdre. Il devait prendre sur lui et la protéger, devenir un héro (si possible pas de tragédie). Il s'approcha à un mêtre d'elle et essaya de reprendre contenance « Polly... » Il avait envie de la serrer contre lui, mais son air étonné et quelque peu effrayé ne prévoyait rien de bon.

Elle se sentait prise au piège et détestait ça. Les lumières de la Sky Tower vacillèrent, alors que les lampadaires qui entouraient l'esplanade s'affolèrent. Mais grâce au quart de secondes où ceci s'allumèrent pour s'éteindre l'instant d'après, elle put le reconnaître. C'était lui. Celui qu'elle attendait depuis maintenant quelques années. Une larme roula sans qu'elle puisse la retenir. Son pouls se calma un peu. Elle desserra les poings et fit un pas dans sa direction. Mais elle était consciente qu'elle était encore trop à fleur de peau pour l'approcher: l'électricité pouvait sortir à tout moment de son corps. « N’a-n’approche pas Soren.. » bégaya t-elle. « Je, je pourrais te blesser et je n’en ai pas envie. » Elle aurait voulu lui sourire mais elle avait plus envie de pleurer. Pleurer de frustration parce qu’elle ne pouvait pas l’approcher, pleurer de rage parce qu’elle savait qu’elle allait être tué bientôt et par celui qu’elle pensait être son meilleur ami, et parce quelle se sentait terriblement seule et vulnérable.

Elle pensa à Soren qui était là bas, à quelques mètres. Elle respira lentement, faisant le vide dans sa tête. Quitte à mourir, autant que ça soit lui qui le fasse, non ? Et puis elle ne s’imaginait pas le tuer lui. Impossible. Alors les lumières vacillèrent encore, mais moins violemment, comme si Polly arrivait à se calmer. Et c’était le cas. Etant tellement obnubilée par la sécurité de Soren, son rythme cardiaque revint à la normal, elle arrêta de vouloir pleurer. Ses yeux étaient clos, et elle les rouvrit se rendant compte du changement. Plus d’affolement, plus de lumières qui clignotent ou grésillent. Elle y était arrivée. Elle avait contrôlé son pouvoir. Ses épaules s’abaissèrent, la tension présente auparavant s’étant évaporée, et un large sourire vint prendre place sur son visage. Soulagée, elle en oublia qu’il était là pour la tuer, et les yeux brillants par des larmes de joie, elle alla directement se jeter dans ses bras. « Soren, bon dieu, j’ai bien cru que j’allais te tuer. » Soudain, la réalité la frappa. Il était la pour la tuer. Tout l’indiquait: le revolver à sa ceinture, ses pas déterminés quand il l’avait vu au milieu de l’esplanade, cet air fatigué par les longues nuits de traque... Néanmoins, elle ne recula pas. Elle resta là, dans ses bras, à s'accrocher à lui le plus fort qu'elle pouvait tant il lui avait manqué, parce quelle devait affronter son destin. Si tel était le cas, si elle devait mourir ce soir, alors elle mourrait.

POLLY & SOREN

Toutes les lumières, même celles de la grande Sky Tower clignotèrent, Soren détailla doucement Polly, il ne l'avait pas vu depuis environ sept ans, et elle avait bien changé. Il ne remarqua pas l'électricité dans l'air, mais il notifia la larme qui coulait sur la joue de son amie. Il ressentit un pincement au cœur, car il n'arrivait pas à interpréter cette larme, elle semblait terrifiée et elle pouvait alors vouloir dire une chose terrible : elle était terrifiée par lui. Le père de Soren n'avait-il pas essayé de la tuer ? Le jeune homme voulut s'expliquer, mais Polly lui coupa la parole « N’a-n’approche pas Soren.. » Elle bégayait, résistant entre son envie de s’effondrer en larme et son envie de s'expliquer. « Je, je pourrais te blesser et je n’en ai pas envie. » Ces cheveux roux flamboyaient à cause des sautes d'électricité, et malgré le danger qui pouvait survenir à tout moment, Soren la trouva magnifique. Mais il devait lui expliquer, empêcher son père de la tuer. « Polly, il faut que tu me laisse t'expliquer... » Il ne finit pas sa phrase, il avait tellement de choses à se faire pardonner. L'abandon, l'attaque de son père. Mais Polly semblait concentrer sur quelque chose d'autre. Elle fermait les yeux, et semblait diriger son attention sur quelque chose d'autre.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les larmes semblaient avoir disparues et les lumières éclairaient à nouveau normalement le quai. Un large sourire prit place alors sur son visage et à ce moment là, Soren ne voulait plus que la prendre dans ses bras et oublier ses temps de malheur. Et lorsqu'elle se jeta contre lui, elle semblait tellement heureuse qu'il la serra au plus près contre lui, pour ne plus jamais la laissé s'échapper. Elle releva la tête et s'exclama « Soren, bon dieu, j’ai bien cru que j’allais te tuer. » Soren réalisa alors que l'électricité c'était elle, depuis qu'elle semblait calmée, les lumières ne grésillaient plus. Le nez dans les mèches rousse Soren ne voulait plus bouger. Il avait tellement oublié a quel point elle était petite et douce. « Je te fais tant d'effet que ça ? » Une blague ne pouvait que détendre l'atmosphère, qui semblait très électrique. Comme s'ils n s'étaient jamais quitté et qu'ils n'étaient pas chassés. Mais il allait venir aux choses sérieuses, son père devait être en chemin et ils devaient fuir. Le plus vite et le plus loin possible

(désolé du retard et de la nullité de la réponse)

Alors qu’elle se trouvait dans ses bras, blottie bien que soucieuse de son destin, la phrase qu'avait dit Soren quelques instants plus tôt lui revint en mémoire: « Polly, il faut que tu me laisse t'expliquer... » Expliquer quoi ? Qu’il allait la tuer, mais que c’était parce qu’il n’avait pas le choix ? Sans doute. Elle n'osa toutefois pas briser ce moment de pur bonheur pour le lui demander.
Car enfin, Polly se sentait entière, blottie dans les bras de Soren qui lui rendait son étreinte. Elle le sentit même accentuer la pression comme pour ne plus qu'elle lui échappe. Mais une fois de plus elle pensa à la proie et au chasseur. Bien sur qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille à nouveau, après tout, elle était la cible. Cible qui assumait pleinement son rôle.

« Je te fais tant d'effet que ça ? » Des éclats de rire légers et cristallins sortirent de sa bouche. Qu'il était bon de rire, de l'entendre, de le sentir. Polly pensa qu'au moins, ses derniers instants seraient sans doute les meilleurs de ces dernières années passées. Elle sentit le souffle de Soren caresser son coup ce qui la fit frissonner et se raccrocher de plus belle à lui. Après quelques secondes -ou minutes- Polly n'arrivant pas tellement à déterminer le temps qu'ils étaient restés dans les bras l'un de l'autre, se recula pour lui faire face. Elle avait une pleine maîtrise de son don à ce moment même, mais l'idée de mourir dans peu de temps la faisait trembler, bien que le froid de la nuit y soit aussi pour quelque chose. Elle déglutit difficilement et plongea son regard dans celui de Soren. Des larmes affluèrent dans ses yeux, sans qu'elle ne le souhaite. Une inspiration profonde l'aida à les retenir. Puis doucement elle attrapa les mains du jeune homme et dit en murmurant. « Ca oui tu m’en fais... » en riant, sans joie. Elle inspira une seconde fois, ayant de plus en plus de mal à retenir le torrent lacrymal qui menaçait de jaillir. « Je crois qu’il est l’heure pour toi de faire ce que tu as à faire Soren. » Elle lui sourit comme pour lui montrer qu’elle comprenait. Et effectivement, elle pouvait accepter la situation: après tout n’était-elle pas un monstre ?

« Et je ne t’en voudrais jamais Soren pour ça. Ta vie est autant en jeu que la mienne. Alors fais le. » ajouta t-elle, sa voix se brisant sur la dernière phrase. Une larme finit par rouler le long de sa joue. Elle lui sourit, baissa la tête, mais étreignit ses mains qu’elle porta à ses lèvres pour les embrasser. Puis, doucement, elle le lâcha pour se reculer un peu, le regardant dans les yeux et laissant une autre larme lui échapper. « Adieu Soren... » articula t-elle silencieusement.

POLLY & SOREN

Restée dans les bras de Soren sans répondre, Polly se recula lentement. Le jeune blond déglutit, après tout cette blague n'était pas de circonstance et cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu. Ce ne devait pas être le moment, ne se cachait-elle pas depuis des années ? Et il venait comme ça, comme si de rien n'était. Soren se traita d'idiot, il avait la chance d'être du côté des chasseurs depuis sa naissance, il n'avait jamais eu rien à craindre et il venait avec une blague. « Ça oui tu m’en fais... » Alors qu'elle lui avait pris les mains, Soren sentit son cœur battre la chamade et il frissonnait doucement sentant la douceur de ses petites mains pâles tenant fermement les siennes. Elle riait mais, son rire était comme froid, un rire nerveux et pas du tout comme dans ses souvenirs. Ceux qu'il avait gardé pour les jours tristes ou tenir lorsqu'il devait tuer quelqu'un. Car après tout, ce n'était qu'un jeune homme aux mains tâchées de sang. « Je crois qu’il est l’heure pour toi de faire ce que tu as à faire Soren. » Le blond ne comprenait pas du tout ce qu'elle voulait dire, croyait-elle qu'il voulait la tuer ? Croyait-elle vraiment qu'il était devenu le monstre sans-cœur que sa famille voulait faire de lui ? Son cœur qui, quelques secondes auparavant faisait des bonds dans sa poitrine, lui semblait lourd et sembla se déchirer en lambeaux. Elle le pensait donc capable de la tuer après toutes ses années, la tuer de sang-froid ? Ses oreilles bourdonnaient entre la tristesse et la colère, l'envie de lui montrer qu'il n'était pas comme elle le pensait. Il vit ses lèvres bouger, mais ses paroles ne l’atteignirent pas, une bulle de tristesse le coupait du quai, seul le maintenant sur terre la pression de ses mains sur les siennes.

La bulle éclata violemment lorsque Polly embrassa ses mains et se détacha de lui. « Adieu Soren... » Paniqué, il savait qu'il devait réagir, Soren l'avait laissé parler alors qu'il passait par toute sorte de sentiments aléatoires et contradictoire, il avait même ressentit de l'amour. « Polly, je ne suis pas venu pour te tuer, je te cherche depuis tellement longtemps... » C'était vrai, il la cherchait depuis qu'il avait appris qu'elle était recherchée, cela devait faire trois ans. Trois ans pour cette rencontre ! Il était triste et terrifié, ils devaient absolument partir de ce quai, ils étaient une cible facile pour n'importe quel tireur de la Hunting Division. « Je sais ce que mon père a essayé de te faire... Et si tu savais comme je m'en veux terriblement... » Il reprit le contact avec elle en lui rattrapant une de ses mains. Il la regardait dans les yeux espérant qu'elle puisse y voir tout ce qu'il voulait pour elle, pour eux.

Son coeur battait à une allure folle, pourtant aucune lumière ne bougea, grésilla, ou s'affola. Elle déglutit difficilement. L'espace qu'elle venait d'installer entre leur deux corps la faisait terriblement souffrir. Physiquement: elle n'avait encore jamais ressentit ça. Elle aurait voulu se jeter dans ses bras, le supplier de ne pas l'achever, de fuir avec elle et de vivre heureux bien qu'en fuite. Mais elle ne pouvait s'y résoudre, elle savait que ce n'était pas juste pour lui. Elle osait à peine le regarder, étant consciente que son visage livide devait traduire sa peur et sa souffrance. Mais lorsqu'elle osa enfin regarder le visage de Soren, ce qu'elle y vu fut comme un coup de poing dans l'estomac: son air soucieux avait disparu pour laisser place à de la tristesse, une immense tristesse. C'était bien plus qu'elle ne pouvait le supporter, Polly détourna le regard et laissa d'autres larmes lui échapper.

Mais la jolie rousse n'eut pas le temps de se laisser aller plus longtemps, car Soren prit la parole. « Polly, je ne suis pas venu pour te tuer, je te cherche depuis tellement longtemps... » Quoi ? Que venait-il de dire ? Les yeux de Polly s'écarquillèrent, et sa souffrance s'évanouit. Elle était trop sous le choc pour penser à autre chose qu'à ses quelques mots. Elle cligna stupidement des yeux en le regardant, sa phrase étant pour l'instant trop compliquée à assimiler pour la jeune femme. Elle ressemblait à personnage de dessins animés halluciné. C'est à peine si, sur le moment, elle savait encore comment elle s'appelait et où elle habitait. Mais soudain, elle fut emplie d'espoir, de bonheur, d'amour et de toute sorte de sentiments différents et parfois contradictoires. Elle n'eut le temps de rien dire qu'il ajouta « Je sais ce que mon père a essayé de te faire... Et si tu savais comme je m'en veux terriblement... » Et c'est à ce moment que tout sorti sous forme de pleurs. Pas de sanglots, de cris, ou de grandes effusions: simplement de l'eau salée, des larmes, qui roulaient-boulaient sur sa joue, et venait faire couler le peu de mascara qu'elle avait mis. C'est alors qu'il lui attrapa sa main, qu'elle serra en retour. Elle se mordit la lèvre, tentant en vain de calmer le flot lacrymal qui se déversait. Tu es trop sensible Polly Chérie, pouvait-elle entendre résonner dans sa tête avec la voix de son père.

Il plongea son regard dans celui de Polly qui avait du mal à le soutenir. C'était trop d'informations pour elle en si peu de temps. Elle serra la main essayant d'y faire passer toute l'intensité des émotions qui la submergeaient. Et puis les mots eurent enfin du sens. Elle comprit enfin. Était-ce les yeux de Soren si parlant qui l'aidèrent à assimiler l'information ou tout simplement son cerveau qui c'était remis seul en marche, ça nul le savait, mais Polly revint sur terre. Sa réaction fut des plus spontanée: Elle lui sauta dans les bras, et le serra aussi fort qu'elle le pouvait. Et sur un coup de tête, prit le visage du jeune homme entre ses mains, et déposa un baiser au coin des lèvres de Soren. Sans lâcher la figure de son "meilleure ami", en le regardant droit dans les yeux elle lui dit : « Ne t’en veux pas. Tu n’es pas responsable de lui. » Elle finit par lui sourire doucement. Mais leurs retrouvailles prirent une tournure beaucoup moins heureuse : les chaussures des chasseurs résonnèrent du côté nord de la place.

Soren ne pensait pas que ses paroles agissent tant sur Polly, la petite larme qui l'avait tant bouleversé venait d'être remplacé par une cascade de goutes salées. Mais cette fois le jeune homme, bien que troublé, compris que ces larmes représentaient totalement la confusion, la joie et la peur dissipée qu'il ressentait aussi. Il était devenu insensible, mais elle avait des sentiments et les montrait pour eux deux. Soren était plus que soulagé. Il pensait qu'elle serait difficile à convaincre, mais les larmes de joie qui coulaient lui disaient le contraire. Lorsqu'elle se jeta à nouveau dans ses bras, le blond l'accueillit volontiers, la soulevant du sol. Cela faisait sept ans qu'il attendait ça, de pouvoir enfin la toucher. Il avait passé tout ce temps dans la même ville, mais en s'interdisant de la voir. Il avait eu mal. Et surpris, il se laissa piéger par les lèvres de sa meilleure amie. Ce n'était un baiser, mais le simple fait que ces lèvres aient presque touchées les siennes lui donnait envie de crier sa joie au monde. Il était définitivement amoureux.

Les deux mains de la rousse était toujours sur son visage lorsqu'elle lui dit doucement. « Ne t’en veux pas. Tu n’es pas responsable de lui. » Il était retourné par le semi-baiser, il ne voyait que son sourire. Mais lorsque celui-ci se transforma en grimace d'horreur. Soren les entendit, les pas qu'il avait pas perçu, perdu dans ses pensées et devant la joie des retrouvailles. Il avait complétement oublié pendant quelques minutes qu'ils devaient faire vite. Son père et ses collègues étaient déjà là, attendant le moindre signe de magie pour tirer ou capturer la sorcière. La réaction de Soren fut immédiate il prit sa meilleure amie par la main et la traina vers un coin du quai très mal éclairé. Il savait qu'aucun membre de la hunting division ne tirerait sans être sur que la cible soit bien celle qu'ils pensaient. Il espérait qu'ils n'avaient pas vu ses cheveux roux. Et surtout que son père ne l'avait pas reconnu, car s'il était à découvert, ils ne pourraient plus fuir. Il souffla à Polly qui semblait terrifiée. « Tu ne pourrais pas... Hum, nous donner un peu d'avance » Devant son air perdu, il lui sourit et serra un peu plus sa main dans la sienne pour lui montrer qu'il sera là pour elle. Et lui expliqua clairement ce qu'il voulait qu'elle fasse « Tu ne pourrais pas éteindre l'électricité du quai ? Parce que... C'est bien ça ton pouvoir non ? » S'ils fuyaient dans la nuit, cela serait beaucoup plus simple. Les chasseurs auraient plus de mal à les retrouver et ils devaient absolument être discrets. Soren se promit de ne plus faire d'erreur comme celle-ci à l'avance, cela dépendait de leur survie maintenant.

La peur la submergea, teintée de tristesse. Un si beau moment gâché en quelques secondes. L'horreur se lisait sur son visage, et la panique commençait a titiller son pouvoir. Mais la présence de Soren, à seulement quelques centimètres d'elle, la calma. Polly ne put rien dire, elle attendra qu'il prenne la décision car elle était comme pétrifiée, son cerveau étant absorbé par le son sourd des pas sur le bitume, ou même par les silhouettes qui se découpaient dans l'obscurité. Heureusement pour elle, il ne tarda pas à réagir: il attrapa sa main et traîna la jolie rousse plus loin, dans un endroit non-éclairé. Polly tremblait presque. Elle sentait la tension dans ses muscles prendre le dessus, gagner du terrain. De l'électricité devait à présent émaner d'elle, supposa t-elle. Elle perdait peu à peu le contrôle, et la terreur irraisonnée qui l'avait envahi au moment où ils avaient débarqué ,e ma lâchait plus: elle gagnait même la lutte contre une Polly tentant en vain de se reprendre en main. Mais Soren brisa enfin le silence, d'une voix à peine audible « Tu ne pourrais pas... Hum, nous donner un peu d'avance » Elle tourna son visage vers lui, perdue. La voix du jeune homme eut le don de la ramener dans le monde de la raison, et sa peur panique se dissipa légèrement. Il lui sourit. Elle photographia alors mentalement ce si beau visage pour ne plus jamais l'oublier, et pour pouvoir s'en souvenir même dans ses moments les plus noirs. Il lui serra la main. Elle s'y raccrocha alors. Il était enfin là, le seul messie qu'elle attendait: Soren Stanford. Polly lui sourit donc en retour.

« Tu ne pourrais pas éteindre l'électricité du quai ? Parce que... C'est bien ça ton pouvoir non ? » Enfin il s'expliqua. Il paraissait bien informé. Elle hocha doucement la tête. Polly n'osait rien dire. Comment lui avouer que contrôler son pouvoir marchait une fois sur deux ? Elle déglutit avec difficulté et fixa les lampadaires. Comment vas-tu faire maintenant Chamberlain, entendit-elle résonner dans sa tête. Elle ferma les yeux, se concentra, et lâcha la main de Soren. Ne savait-on jamais ce qui pouvait se passer, elle ne voulait pas prendre de risques. Elle essaya une fois: les lumières vacillèrent mais rien n'arriva. Polly se mordit l'intérieur de la joue. La deuxième fois: une ampoule claqua dans un bruit sec. Concentre toi Polly, concentre toi. Elle se raccrocha alors à l'image de sa mère, lumineuse, qui avançait en flottant vers elle. Un bien être l'envahit. Sa concentration était à son paroxysme. Puis soudain, une énergie nouvelle la submergea. Lorsque le phénomène d'assimilation parut finit, Polly ré-ouvrit les yeux, mais ne vit plus rien ou presque. Son pouvoir avait marché ! Elle retint un cri de bonheur et tourna son visage vers celui de Soren qu'elle distinguait. « Je.. J’ai réussit » souffla t-elle, le coeur bondissant de soulagement et de bonheur. Toutefois, cette absorption n’était pas sans conséquence et elle le remarqua bien vite: des étincelles s’échappèrent de ses mains alors qu’elle allait de nouveau sauter dans les bras de Soren. La surprise fut telle qu’elle se recula en fixant ses paumes, se rappelant sa misérable condition de monstre. La surprise accèelera son rythme cardiaque. C’est alors qu’elle crut que son corps devenait incandescent. Que se passait-il ?